Dans un contexte mondial marqué par une compétition fervente pour les ressources stratégiques, l’Union européenne annonce une mise à jour stratégique significative avec son plan RESourceEU. Cette initiative vise à sécuriser les approvisionnements en minéraux critiques, tout particulièrement face aux restrictions imposées par la Chine et aux tensions géo-économiques croissantes.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a souligné que l'Europe ne peut plus se permettre de fonctionner comme auparavant. « L’expérience acquise avec la crise énergétique nous oblige à changer de cap », a-t-elle déclaré lors de la présentation du plan. Pour cette raison, Bruxelles prévoit d'investir 3 milliards d'euros dans les douze mois à venir pour favoriser des projets d'extraction, de transformation et de recyclage de ces matières.
Un des points clés de cette initiative est la volonté de réduire les délais d'autorisation qui freinent le développement industriel. Dans ce cadre, un Centre européen des matières premières critiques devrait voir le jour d'ici 2026. Ce centre visera à centraliser les informations essentielles, orienter les financements, et soutenir la constitution de stocks stratégiques.
Selon des sources de Bloomberg, l'UE envisage également de mobiliser des fonds diversifiés. Le programme de l’UE pourrait ainsi contribuer à hauteur de 2 milliards d'euros entre 2026 et 2027 pour soutenir les investissements dans le secteur. La Banque européenne d’investissement pourrait également jouer un rôle significatif dans le financement de ces projets, allouant potentiellement 2 milliards d'euros par an.
La stratégie de l’UE se déploie dans un contexte où la Chine domine largement le marché mondial des minéraux critiques, étant responsable de 95% de la production de terres rares essentielles. Face à cette monopole, les économies occidentales, dont la France, augmentent leur intérêt pour le continent africain, riche en ressources. En effet, des estimations révèlent que l'Afrique détient environ 30% des réserves mondiales de minéraux critiques, tels que le lithium, le cuivre et le cobalt. Les accords récemment signés entre l'Europe et des pays comme la Namibie, la Zambie, et l'Afrique du Sud soulignent cette volonté de diversification.
Des experts, tels que Jean-Pierre Cabestan, analyste et consultant en géopolitique des ressources, affirment que « l’Afrique est en train de devenir un acteur incontournable dans le rééquilibrage des chaînes d'approvisionnement globales ». Cela s'accompagne d'une demande croissante pour des chaînes d'approvisionnement éthiques et fiables, alignées sur les valeurs de durabilité.
L’adoption du plan RESourceEU coïncide avec les aspirations des pays africains à valoriser leurs ressources minières localement. Grâce aux instruments de financement européens, il est possible que des opportunités notables émergent pour le développement d'infrastructures industrielles et le renforcement des compétences techniques locales.
Alors que le paysage mondial continue d'évoluer avec des initiatives américaines et chinoises en forte progression, la position stratégique de l'Afrique dans cette dynamique devient de plus en plus évidente. L'UE et les pays africains semblent, ainsi, prêts à s'engager dans une coopération mutuellement bénéfique, façonnant ensemble l'avenir des chaînes d'approvisionnement de la transition énergétique.







