Avec environ 12 000 passionnés, le yodel n'est pas qu'une simple mélodie alpine : c'est un symbole de l'identité culturelle suisse. En effet, cette forme de chant traditionnel, enracinée dans l'histoire des bergers des Alpes, s'est transformée au fil des années, devenant un emblème des coutumes helvétiques.
Les autorités helvétiques, ayant déjà collaboré avec la France pour faire reconnaître leur tradition horlogère en 2020, choisissent cette fois-ci de présenter leur candidature de manière autonome. Cette initiative vise à garantir que le yodel soit non seulement préservé, mais aussi promu sur la scène internationale.
Une tradition qui transcende les frontières
Le yodel est également présent en Autriche et en Allemagne, mais la Suisse demeure le cœur battant de cette pratique. À l'heure actuelle, le pays abrite près de 780 clubs dédiés au yodel, et des voix comme celle de Markus Egli, chef de chœur au club Bürgerturner-Jodler de Lucerne, affirment que cette initiative est essentielle pour l'avenir de cette tradition.
"Ce chant fait partie intégrante de notre culture et de notre identité en tant que Suisse," déclare Egli. "Initialement, il servait de moyen de communication entre les montagnes."
Max Britschgi, un membre de la chorale âgé de 79 ans, souligne également l'importance de la connexion à la nature que procure le yodel. Vêtu de son costume traditionnel, il ressent un lien fort avec les montagnes en chantant, une expérience qu'il décrit comme une célébration communautaire.
Une évolution musicale continue
Les origines du yodel sont intrigantes, mais il a véritablement pris forme au XIXe siècle avant de s'intégrer à la musique populaire au XXe siècle. Selon Julien Vuilleumier du ministère de la Culture, les influences entre les différents pays alpins ont contribué à enrichir cette pratique. Il est désormais reconnu qu'avec l'émigration, le yodel a même influencé des genres musicaux américains comme la musique folk et country.
Ce chant traditionnel continue d'évoluer, s'expérimentant dans des tendances musicales modernes, à la croisée du jazz et du pop, avec des artistes innovants tels que ceux qui créent des mélodies de "yodelton", une fusion intrigante du yodel et des rythmes de reggaeton. BFMTV rapporte que cette idée novatrice est un exemple parfait de la manière dont le yodel s'adapte tout en préservant ses racines.
Dans cette démarche, la Suisse ne se contente pas d'affirmer une tradition, elle valorise également son enseignement, avec la création, depuis 2018, d'un master en yodel à la Haute école de Lucerne. Cette institution joue un rôle clé dans la transmission de cet art, face à un public de plus en plus jeune et engagé.
Ainsi, la candidature de la Suisse pour l'inscription du yodel à l'Unesco représente bien plus qu'une simple reconnaissance : elle incarne la volonté d'assurer la pérennité d'une tradition authentique, riche et profondément ancrée dans la culture locale.







