Le destin de l'accord avec le Mercosur se joue dans les jours à venir, alors que le Parlement européen s'apprête à voter sur des garanties agricoles cruciales. Le 16 décembre, la tension atteindra son paroxysme, avec des discussions qui impliquent non seulement les eurodéputés, mais aussi les annonces du commissaire Varhelyi concernant le renforcement des contrôles aux frontières. Face à une France réticente, des garanties solides semblent indispensables.
Le débat s'est ouvert avec la commission du commerce international (Inta), où les eurodéputés ont décidé de durcir les conditions liées à la clause de sauvegarde agricole. Ces derniers ont voté à 27 voix pour, contre 8 et 7 abstentions, afin de réduire la durée des enquêtes nécessaires pour déclencher des mesures de protection. Désormais, une augmentation de 5 % des importations sur trois ans pourra suffire à alerter les autorités, là où le seuil était précédemment fixé à 10 % par an.
L’élément le plus significatif de cette réforme est l’introduction d’un amendement imposant une « réciprocité ». Ce principe obligerait les pays du Mercosur — Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay — à aligner leurs normes de production sur celles de l'UE pour pouvoir exporter. Bien que cela répondre à des accusations de concurrence déloyale, plusieurs acteurs s'interrogent sur leur capacité à s'adapter, étant donné que leur principal marché reste en Chine, qui impose peu de contraintes.
Le Parti Populaire Européen (PPE), bien que souvent en faveur d'une position unie sur le projet, ne se retrouve pas sur cet amendement de réciprocité. Cela pourrait compliquer la négociation finale avec le Conseil européen. Gabriel Mato, rapporteur du PPE, a précisé que ces garanties visent à protéger les agriculteurs européens, un sentiment partagé par Bernd Lange, président de la commission Inta, qui promet de défendre ces ajustements lors des discussions futures.
Le commissaire Varhelyi a révélé qu'une task force dédiée au contrôle des importations sera mise en place dès janvier, rassemblant experts et autorités des États membres. Ce groupe se concentrera sur le respect des normes de sécurité et de santé alimentaire. Lors de ses déclarations, il a également évoqué l'augmentation de 50 % des audits dans les pays tiers au cours des deux prochaines années, ainsi qu'un renforcement des contrôles dans les ports maritimes.
Les tensions diplomatiques autour de l'accord sont palpables. La France, en particulier, reste ferme sur le fait que tout accord devra intégrer des garanties claires. Dans les coulisses, un expert souligne : « La dynamique actuelle pourrait forcer les pays du Mercosur à réagir pour ne pas rater cette opportunité d'exportation. »
La bataille juridique s'intensifie également avec des groupes parlementaires qui souhaitent saisir la Cour de justice sur l'accord, ce qui pourrait retarder encore le processus de ratification. La présidente du Parlement, Roberta Metsola, s'est opposée à cet appel, affirmant que le Parlement doit obtenir une vue d'ensemble formelle de l'accord.
Avec un paysage politique déjà fragmenté parmi les États membres, la France se distingue par son opposition virulente, un reflet d'une crise agricole plus profonde. Les tensions autour de l'agriculture durent depuis longtemps, et même les mesures de sécurité les plus strictes risquent de ne pas suffire à apaiser les craintes des agriculteurs.
En somme, le futur de l'accord Mercosur est donc plus qu'incertain. Les divergences au sein de l'UE, la résistance française et les enjeux économiques et environnementaux soulevés par cette alliance resteront au cœur des discussions qui s'annoncent cruciales dans les jours à venir. L'échéance du 16 décembre s'approche, et les décideurs européens devront naviguer entre promesses et réalités. Ce moment historique pourrait redéfinir le commerce et l'agriculture en Europe, alors que le monde attend des réponses.







