Dans une démarche audacieuse pour moderniser son secteur aérien, l'Angola a récemment sélectionné un consortium composé de Corporación América Airports et Mota-Engil pour gérer son nouvel aéroport international António Agostinho Neto, situé à Luanda. Cette initiative s'inscrit dans un effort plus large de diversification économique dans un pays traditionnellement lié aux revenus pétroliers.
La société Corporación América, d'origine argentine et implantée au Luxembourg, gère déjà une cinquantaine d'aéroports en raison de son expertise dans les concessions aéroportuaires, tandis que Mota-Engil, un poids lourd de la construction et de l'infrastructure au Portugal, apporte son savoir-faire à ce projet d'envergure. Les autorités angolaises estiment que cette concession de 25 ans, renouvelable pour 15 ans, pourrait rapporter environ 600 millions d'euros (700 millions de dollars) à l'économie nationale.
Un nouveau chapitre pour Luanda
Le nouvel aéroport de Luanda est conçu pour répondre à la croissance du trafic aérien et remplacer l'aéroport Quatro de Fevereiro, qui ne pouvait plus faire face à la demande croissante. Réalisé avec l'assistance d'entreprises chinoises, ce projet a vu des travaux se dérouler à un rythme soutenu malgré quelques ajustements de calendrier. La mise en service partielle de l'aéroport a eu lieu en 2023, avec des fonctionnalités adaptées à l'accroissement du trafic.
Capable d'accueillir jusqu'à 15 millions de passagers par an et de traiter près de 130 000 tonnes de fret, l'aéroport a commencé à accueillir des vols cargo vers la fin de 2023, avec une opération complète consacrée aux lignes domestiques et régionales prévue pour 2025. La compagnie nationale TAAG Angola Airlines prévoit également de transférer ses opérations vers ce nouveau site, une étape décisive vers une exploitation commerciale optimale.
Une ambition régionale
Dans une interview pour le quotidien *Jornal de Angola*, le ministre des Transports, Ricardo Viegas d'Abreu, a souligné que « notre objectif est de transformer Luanda en un carrefour de transit majeur pour les passagers, attirant ainsi de nouvelles compagnies aériennes ». De nombreux opérateurs internationaux ont participé à l'appel d'offres, mais c'est le consortium Corporación América-Mota-Engil qui a su convaincre le gouvernement angolais.
Cette modernisation des infrastructures de transport est cruciale pour le développement des échanges régionaux et le renforcement du secteur touristique. Le nouvel aéroport ne se contente pas d'améliorer les conditions de voyage; il vise également à établir Luanda en tant que point stratégique entre l'Afrique australe, l'Europe, l'Asie et l'Amérique latine, un désir corroboré par des analystes comme Celui de l'Institut des études stratégiques angolais.
Enfin, le challenge qui attend le consortium consiste à transformer cette infrastructure flambant neuve en un hub véritablement fonctionnel, en réponse à un environnement compétitif en pleine évolution. La vitesse à laquelle les compagnies étrangères installeront leurs opérations et les investissements logistiques du pays joueront un rôle clé dans le succès de cette opération.







