La Fondation des femmes tire la sonnette d'alarme. Six ans après le Grenelle des violences conjugales, l'instance dénonce une « démobilisation préoccupante » autour de la problématique des féminicides dans son rapport rendu public ce jeudi. Anne-Cécile Mailfert, sa présidente, dépeint un tableau alarmant : « la situation se détériore ». Elle observe une chute des financements accordés par l'État aux « associations de terrain », pourtant essentielles pour des dispositifs d'urgence tels que les téléphones grave danger, marquant une baisse de 18 % par rapport à l'année précédente.
Le nombre de féminicides continue d'augmenter. Ces derniers mois, le constat est accablant, avec 26 féminicides signalés en France en seulement deux mois, soit un tous les deux jours. En 2024, 107 femmes ont perdu la vie sous les coups de leur partenaire ou ancien partenaire, marquant une augmentation de 11 % par rapport à 2023. La Fondation révèle que près de la moitié des victimes avaient déjà signalé des violences. Pour elle, « ces féminicides ne sont pas inévitables, mais sont le résultat de défaillances bien documentées ». Dans un contexte où 782 féminicides ont été signalés depuis 2019, Mailfert évoque une « crise nationale de sécurité publique » qui nécessite urgent reconcentration des efforts.
En dépit des avancées observées en 2020, où les féminicides avaient chuté de 52 %, la présidente insiste sur la nécessité de rester mobilisés. Elle appelle à la création d'un observatoire national du féminicide pour évaluer les effets des politiques publiques. La ministre déléguée à l'Égalité femmes-hommes, Aurore Bergé, a reconnu l'« échec collectif » face à cette montée inquiétante des violences, tout en travaillant sur un projet de loi-cadre pour renforcer la protection des femmes victimes d'abus.
Cette situation interpelle forcément la société civile : « Les discours fatalistes et défaitistes ne doivent pas prédominer. Il est crucial de rappeler qu’ensemble, nous pouvons faire bouger les lignes », conclut la présidente de la Fondation. Les voix s'élèvent, et la mobilisation doit être plus forte que jamais pour stopper cette hécatombe.







