Emmanuel Macron a intensifié la pression sur la Chine, avertissant que l'Europe envisagera d'instaurer des droits de douane "dans les tout prochains mois" si Pékin ne prend pas des mesures pour limiter le déficit commercial croissant avec l'Union européenne. Dans un entretien accordé au quotidien Les Echos après un récent voyage en Chine, le président français a souligné l’urgence de la situation.
"Je leur ai clairement indiqué que notre patience avait des limites", a déclaré Macron. Il a évoqué l’exemple des États-Unis, qui ont instauré des tarifs douaniers sur les produits chinois, bien que récemment réduits dans le cadre d’un accord intervenu en octobre dernier.
Macron a fait remarquer que la nécessité de renforcer l'industrie européenne est cruciale, car la Chine représente une menace directe au cœur du modèle industriel européen, le mettant en péril à travers des importations massives. "Le protectionnisme mis en œuvre par l'administration Trump a exacerbé cette situation, redirigeant les flux chinois vers nos marchés", a-t-il déploré.
En parallèle, il a noté que l'Allemagne, un acteur majeur du commerce avec la Chine, n'est pas encore pleinement alignée avec la position française, ce qui complique la création d'un front uni au sein de l'UE. Durant sa visite, Macron a également insisté sur l'importance d'accueillir des investissements chinois sur le sol européen pour rétablir l'équilibre commercial. "Nous ne pouvons pas continuer à importer sans cesse ; les entreprises chinoises doivent investir en Europe," a-t-il affirmé.
Il a précisé que plusieurs secteurs doivent être concernés, notamment les technologies de recyclage, les énergies renouvelables, et l'automobile. Cependant, il insiste sur le fait que ces investissements ne doivent pas être "prédatoires", visant uniquement à accroître le pouvoir d'influence de la Chine sur le continent.
Pour protéger les industries européennes les plus vulnérables, comme celle des véhicules électriques, Macron appelle à une revitalisation de la compétitivité des entreprises européennes. Cela inclut la simplification du marché unique, des investissements accrues dans l'innovation, ainsi qu'une régulation stricte des frontières commerciales.
Des experts comme Jean-Luc Gaffard, économiste et spécialiste du commerce international, affirment que ces menaces de droits de douane pourraient inciter la Chine à modifier son approche vis-à-vis de l'Europe pour éviter un réel affrontement économique. "L'UE doit agir en concert pour garantir ses intérêts économiques, et ces discussions pourraient ouvrir la voie à de récents accords favorables," conclut Gaffard.







